Je publie un hommage à sa mémoire
Chère Maman et Mamie
Aînée d’une fratrie de quatre enfants, tu as été la dernière à rester depuis 2016 au décès de ton plus jeune frère. Sa veuve, de douze ans ta cadette, est partie le 24 octobre 2022. Nous te l’avons caché vu ton état.
Votre famille a été éparpillée : une sœur restée dans le village natal avec la maman veuve, l’autre sœur et le petit frère partis jeunes à Londres pour y travailler avec leur conjoint et élever leurs enfants. Pourtant vous êtes restés soudés, d’abord par la correspondance régulière échangée entre vous, puis par les conversations téléphoniques à tour de rôle les dimanches et jours fériés (les forfaits n’existaient pas à l’époque), et vos rencontres tant en Italie qu’en Angleterre, pendant les vacances avec la prise de nombreuses photos, et même la venue régulière en France d’une partie de ta famille.
« Loin des yeux, loin du cœur ? » Non, pas vous ; la distance n’a jamais atténué l’affection indéfectible que vous éprouviez les uns pour les autres. Je me souviens comme vous avez été présents pendant un mois chez l’une de tes sœurs, qui venait de perdre son fils à l’âge de 29 ans, afin de réconforter la famille anglaise.
Toute ta vie a été caractérisée par une grande solidarité, une entraide réciproque entre amis, voisins, cousinage, et plus tard pour tes enfants adultes et tes petits-enfants. Ta générosité spontanée t’a attiré beaucoup d’estime et tu as été bien entourée ta vie durant. Tu savais si bien cuisiner et recevoir à ta table, cuisine italienne comme française. Papa était un fin gourmet et il t’en savait gré.
Tu m’as toujours fait des confidences. Que de discussions avons-nous eues toutes les deux, surtout après le décès de papa. De plus, je connaissais bien ta vie pour avoir passé seule et plusieurs fois des vacances dans ta famille, tant dans ton village natal qu’en Angleterre.
Courageuse, joyeuse de nature, ayant fait un choix de vie, tu as été un modèle à mes yeux. Je ressentais ta nostalgie parfois. Qui peut s’expatrier sans avoir dans son esprit des souvenirs de son enfance et de sa jeunesse ?
Le poème qui suit intitulé « Tu venais d’Italie » est inspiré de la chanson de Chimène Badi : « Je viens du Sud »
Tu avais dans le cœur quelque part de la mélancolie
Mélange de jours d’été et de ciel d’Italie.
Un mariage à la campagne dans ton village si beau
Une fontaine dans la cour pour aller puiser l’eau.
Tu avais au fond de ta mémoire des lumières d’autrefois
Qu’une gentille femme en noir illuminait pour toi
Dans une maison tout en pierre plantée sur un rocher
Entourée d’âmes familières et de fleurs parfumées.
Tu venais d’Italie, du Latium, et par tous les chemins
T’y revenais dans ton village, en pensées ou en train.
Tu avais dans la voix certains soirs d’autres envies,
Mélange d’un chant joyeux et d’un vin d’Italie.
À 23 ans, tu as suivi ton mari, mais ton esprit et ton cœur
Retournaient là-bas quelques fois car tu avais encore
Quelque part une part de bonheur et de mélancolie
Une envie de remettre à l’heure les horloges de ta vie.
Ta maison tout en pierre plantée sur un rocher
La fontaine quand tu aurais eu besoin d’eau
Un jardin dans la campagne pour tes jours de repos
Entourée d’âmes familières et de rires partagés.
Dans ton nouveau pays où tu as rejoint ton mari,
Tu as construit ta nouvelle famille, entourée d’amis.
Tes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants
En ce jour t’accompagnent, entourés de gens aimants.
Tu vas partir à Lyon rejoindre ta dernière demeure
Ce n’est qu’un au-revoir, un adieu pour l’heure.
Ton cher époux et ton premier petit-fils t’y attendent
Et votre souvenir restera à jamais gravé dans nos cœurs.
Il est certain qu'en arrivant au Paradis,
Tu auras eu droit à une haie d'honneurs
Tant ils ont dû être heureux et nombreux
À t'accueillir dans la Lumière...
Que ta belle Âme repose en Paix
Dans le Royaume des Cieux.