Je ne vais pas refaire l'histoire de l'année 2020. Ce n'est pas l'objet.
Oui, les auteur(e)s ont eu le temps d'écrire. Pour ma part j'ai fait paraître un roman en juin 2020 aux Éditions ABATOS - Au bout des mots : "Histoire d'Anaëlle Binard - La vie ne l'aura pas tuée". Puis, un conte illustré pour enfants, accessible aux dyslexiques : "Une poupée pour Nina" a vu le jour fin juillet (en auto-édition). Enfin un troisième ouvrage : une saga familiale intimiste est en cours de lecture chez mon éditeur (Abatos) : "Tuer la mère" (virtuellement bien entendu) en deux parties. La deuxième concerne essentiellement le héros principal de la première partie : sa vie d'adulte, ses aspirations, ses combats, ses ressentis, ses déceptions, ses hésitations, ses choix, avec une fin sur une note d'espoir soufflée par mes filles : Il y a assez de malheurs sur la terre pour tout le monde, n'en rajoute pas sur la fin du roman et fais-le se terminer "bien" pour faire "rêver" les lecteurs, m'ont-elles conseillée.
Un petit extrait ci-après :
... [La vie a continué et Guilhem s'est repris. Sa colère est passée mais pas sa déception. Son avenir ne sera pas comme il l'avait rêvé : une vie de couple avec la jeune fille qu'il aimait de tout son coeur, en ayant en tête de ne pas renouveler ce qu'il a toujours considéré comme un désastre pour les enfants Renaud d'Avène. Très attentif à son entourage, il l'observait, et il réalisa que peu de familles étaient véritablement harmonieuses. Tantôt l'emprise sur l'autre était le fait de l'homme, tantôt celui de la femme. L'équilibre était difficile à trouver et quand il était atteint, la relation amoureuse du couple se trouvait sur le fil du rasoir et pouvait basculer à tout moment sous l'influence des tensions de vies parallèles, notamment familiales avec les belles-familles à supporter, et professionnelles, etc. qui interféraient parfois insidieusement. En revanche, quand le couple de parents semblait fusionnel, les victimes étaient toutes trouvées, les enfants qui passaient après eux. Pourquoi "semblait fusionnel" ? Bien souvent les apparences sont trompeuses, les protagonistes pouvant être dans l'imposture, l'hypocrisie, les jeux de rôles... même avec leur progéniture.
Ce n'était pas pour lui, il était trop authentique et franc pour se comporter "normalement" ! Tout compte fait, il avait décelé dans l'échec de son rêve de jeune homme, une aubaine, un évitement à reproduire pareille situation, qui, au final, l'aurait détruit à petit feu. Pour lui, un engagement devait être respecté des deux côtés, marié ou non, et si un coup de canif était donné accidentellement ou fortuitement dans le contrat d'engagement même "dématérialisé", il ne fallait rien dire pour ne pas faire souffrir l'autre inutilement. En revanche, si la vie commune devait être enfermée et ficelée dans le carcan de conventions et de règles délétères qui empoisonnent l'existence de l'un d'entre eux, voire des deux, l'enfer ne serait plus dans l'au-delà, mais bien sur terre !
Pour supporter ou atténuer cette "agonie", et même échapper à son issue fatale, Guilhem s'était jeté à corps perdu dans ses études même si elles n'étaient pas non plus celles qu'il avait choisies, car il visait la réussite professionnelle à défaut de sa vie privée et sentimentale. Relever les défis était pour lui une forme de thérapie et il allait ainsi démontrer qu'il n'était pas le perdant et la mauviette que sa famille avait voulu façonner en l'empêchant de réaliser ses projets de vie, car tout le monde connaissait ses points faibles : hypersensibilité et émotivité, traits de caractère non admissibles pour un garçon, a fortiori un homme ! Quand l'orgueil s'en mêle et détruit tout sur son passage ! Guilhem avait conscience qu'il démarrait sa vie sur des versants glissants qu'il serait amené à gravir avec succès, mais aussi à dégringoler avec des conséquences et des séquelles.
Le jeune homme n'avait pas d'autre choix que survivre à ce drame privé qui avait tué en lui tout sentiment amoureux mais surtout tout désir de renouveler cette triste expérience. Certes, il n'y avait pas eu décès physique, mais sa déception fut telle que tout élan vital vers l'autre l'avait quitté sur le plan personnel et intime. Intellectuellement et en pratique, il allait devenir un "technicien" en mettant son dévouement et ses compétences au service des autres, une sorte de "robot" bien paramétré dont les rouages seraient bien huilés. Cependant, comme il était normalement constitué, ses attirances pour la gent féminine le conduisaient à choisir des partenaires intéressantes sur le plan intellectuel, l'aspect sexuel passant au second plan. Sa vie personnelle future allait donc être riche en rencontres, hélas éphémères pour la plupart, car la médaille aux deux faces révélait bien souvent un revers décevant, un aspect qui émergeait plus ou moins rapidement et qui lui était insupportable... ] ...
Copyright le 28 septembre 2020.
Cf. ma page Facebook Lucie Gauchers Ecriture