J'évoquerai plus particulièrement l'amour filial et l'amour parental, bien souvent mis à rude épreuve.
La révélation d'une vérité est souvent mal perçue quand elle n'est pas à "l'avantage" de ses proches et des êtres que l'on aime.
Par exemple, lorsque des parents apprennent que leur enfant souffre d'un handicap - physique ou mental -, la logique voudrait que l'enfant, plus vulnérable que les autres, reçoive davantage de soins, d'amour et d'affection de ses géniteurs. Dans la majorité des cas, il en est ainsi. Mais, il faut aussi tenir compte des dénis de certains pères ou mères : que cachent-ils ? Pourquoi ce refus d'admettre l'évidence, jusqu'à rejeter son propre enfant ?
Le déni, en quelque domaine que ce soit, traduit la PEUR de la réalité. Pourtant, combien de parents connaissent l'immense chagrin d'apprendre que leur enfant est un violeur, ou un pédophile, ou un assassin, ou un délinquant tout simplement ? Pourtant il aura d'abord été un bébé, peut-être un petit enfant sans problème. Que se sera-t-il passé dans sa vie, dans sa tête pour "qu'il tourne mal" ? Leur déception tue-t-elle leur affection pour leur enfant, même devenu adulte ?
Quand ce sont nos parents qui deviennent déficients, allons-nous moins les aimer pour autant ? En principe, l'affection pour eux et le besoin de les protéger sont accrus, car ils se retrouvent dans la même situation qu'un enfant. Mais la réponse dépend aussi de l'expérience - heureuse ou malheureuse -, vécue avec eux pendant notre enfance : si les sentiments d'amour sont au-dessus de nos forces, il serait indécent de faire semblant. En revanche, notre respect à leur égard s'impose et notre attention doit leur être acquise comme nous le ferions pour autrui, par altruisme, civilité et courtoisie.
Que se passe-t-il dans l'esprit des parents quand ils maltraitent leurs enfants, voire d'autres personnes ? Renouvellent-ils leur propre schéma, ce qu'ils ont eux-mêmes connu ? Devons-nous les aimer moins ou les détester ? Devons-nous les laisser faire et les absoudre ? Devons-nous, pour notre toute relative tranquillité, nier l'évidence ? Est-ce que constater et reconnaître des faits, des comportements et des injustices font de nous des juges et des bourreaux ? Non ! Admettre nous permet simplement de mesurer à quel point nous sommes capables d'affronter les réalités et de remédier à des situations détestables. Affronter et remédier impliquent de la clairvoyance, de l'objectivité, le sens de l'équité, et surtout du COURAGE !
Règle d'or : "Faire à autrui ce que l'on voudrait de bon pour soi" ! Aimeriez-vous être maltraité ? Lisez ou relisez Jane Eyre (Charlotte Brontë), notamment son enfance chez sa tante Mme Reed, après le décès de son oncle biologique, et ses débuts à l'orphelinat. Vous allez vous indigner des comportements honteux de cette adulte bigote, et de ses enfants envers une cousine orpheline, ainsi que de l'hypocrisie de cet "ecclésiastique" qui se proclame "bienfaiteur" de l'orphelinat !
L'empathie est la faculté de se mettre à la place des autres et de ressentir leurs émotions - positives ou négatives - et leurs besoins, et de se poser la question "Comment réagirais-je ou que ferais-je dans la même situation ?". Avez-vous connu la mode des broches portant des inscriptions du style "NE TOUCHE PAS À MA SOEUR...À MA FILLE...". Elles étaient très révélatrices du désir légitime de PROTEGER des êtres chers plus faibles que soi ou dont on a la responsabilité. Aujourd'hui, on nous sert des publicités du style : "Ne touche pas à mon Yop", alors qu'il serait si simple de nous montrer qu'il est partagé avec joie tout en vantant ses bienfaits ! Mais cet état d'esprit va du simple flacon de yaourt aux objets les plus sophistiqués, car le matérialisme l'emporte sur le don de soi et le respect de l'autre.
Il existe encore de la solidarité dans ce monde, et comme l'exprimait Patrul Rinpoché (1808/1887) : "... Comme nous ne sommes pas sûrs de nous tenir compagnie longtemps*, pensons qu'en cet instant si bref*, c'est avec AMOUR qu'il nous faut vivre ensemble et prendre soins les uns des autres."
* par rapport à l'éternité