Cette année, l'Union des écrivains de Rhône-Alpes
organise, pour la deuxième année consécutive, une exposition au Fort-de-Vaise, à LYON 9° (Rhône) : "Plumes et pinceaux" alliant le graphisme et les couleurs aux mots. Les peintres
participants ont bien voulu confier leurs toiles du 11 au 20 mai, tableaux illustrés par un certain nombre d'auteurs adhérant à l'UERA.
Le vernissage a eu lieu le samedi 12 mai 2012 à partir
de 18 h au cours duquel de nombreux visiteurs - amis de peintres et d'écrivains, ou non -, ont pu partager leurs impressions.
Les 23 et 24 juin prochain, cette même exposition sera transportée à Grézieu la Varenne, petite et jolie commune située
à l'ouest de Lyon, à l'occasion de la manifestation pluriculturelle organisée chaque année, à cette époque, par le service culturel de la ville. Puis en Janvier 2013, elle devrait être accueillie
à Oullins, commune au sud de Lyon. La ville de L'Arbresle (Nord de Lyon) a sollicité le président de l'UERA pour organiser cette même exposition "Plumes et pinceaux". Les toiles et les textes
voyagent autour de Lyon !
L'année dernière, l'illustration devait être en vers. Cette année, la prose - poétique ou non - a été mise à
l'honneur.
Vous trouverez ci-après mes deux textes :
Magie de la danse de Lucile Gauchers - Tableau d'Odile Daventure :
Flamenco
Le rythme entraînant des notes de musique, grattées par des doigts experts et agiles sur les fils tendus des guitares, donna
soudainement vie au couple de danseurs qui devait se produire devant la population en liesse. Tout à coup, les spectateurs se figèrent en retenant leur souffle. Ils semblaient s'attendre à
l'inimaginable...
La femme était très belle. Ses cheveux noirs, tirés et rassemblés en un chignon, arboraient une fleur écarlate et épanouie
semblable à sa bouche pulpeuse, qui, tour à tour, s'ouvrait sur un sourire ravageur et se refermait dans une moue boudeuse, au gré des paroles prononcées par les chanteurs-musiciens.
Quant à l'homme - magnifique dans son pantalon noir qui l'enserrait comme une seconde peau -, il la dépassait d'une bonne demi-tête. Son regard de braise, rivé sur sa cavalière, semblait vouloir
la dominer et la soumettre.
Devant ce spectacle inédit pour moi, je me sentais transportée et émerveillée. Je m'imaginais virevoltant dans la même longue robe rouge
à pois noirs, aux multiples volants, et si parfaitement ajustée au corps sculptural de cette danseuse andalouse. Les mouvements collés des danseurs, la vivacité des gestes effectués pendant ce
long corps à corps et leurs regards énamourés évoquaient, à mes yeux, l'accouplement de deux êtres fiers et passionnés. À leur vue, un frisson voluptueux me parcourut et me fit trembler de désir
animal.
L'homme semblait diriger sa partenaire avec autorité. Mais elle, farouche et hautaine, prenait plaisir à se dérober pour mieux le
rejoindre, au gré de ses envies. La main sur une hanche, et l'autre dressée en une gracieuse courbe au-dessus de sa tête au port altier, semblaient le provoquer. Il répondait à son invitation en
s'enroulant autour d'elle, lui empruntant les mêmes gestes.
Les rythmes musicaux et les chants déferlaient dans leurs variétés, tantôt élégants, tantôt endiablés et même langoureux, pour laisser
évoluer trois danseuses différentes dans un même corps. Les petits pas de danse, lorsqu'ils étaient savants et raffinés, rappelaient ceux de la musulmane - tout à son bonheur
mondain -, qui voulait être admirée. Quand les mouvements de danse devenaient subitement plus vivaces et joyeux, c'est la danseuse gitane qui s'animait et nous invitait à partager son
appétit de vivre et sa jouissance communicative. Puis, lorsque la musique devenait langoureuse et les chants plaintifs, la femme se transformait dans les bras de son cavalier
en danseuse juive, pathétique et tendre, qui nous émouvait. L'homme se prêtait de bonne grâce à ces changements inopinés, en fin connaisseur. Trois cavalières en une, quelle aubaine
!
Pendant ce temps, tout s'était estompé autour de moi, obnubilée comme je l'étais par le couple de danseurs. Je me voyais déjà
danser avec eux après avoir entrainé avec moi mon amant imaginaire. La magie de la danse avait opéré.
De Charybde en Scylla d'après le tableau de Marc Wallerand "Tournesol" (type de
peinture "le rondisme")
Mon misérable regard est rivé sur l'immense oeil bleu d'azur dans lequel se reflète un mas provençal, aux tuiles rougies, bordé d'arbres au feuillage d'un vert éclatant - véritable havre de paix
niché dans la nature renouvelée et bienveillante.
Sa prunelle limpide, et aiguisée telle un rayon laser, sonde mon coeur, fouille mon esprit et plonge dans l'abîme sans fond d'où mon âme
tourmentée cherche en vain à s'échapper. L'oeil me fixe intensément et semble vouloir m'inviter à partager sa prison dorée ceinte par les milliers de corolles jaunes au coeur tendre qui ondulent
paisiblement sous le souffle tiède de la brise méditerranéenne.
Cette couronne fleurie forme comme un rempart qui le dissimule des regards hostiles et envieux. Je suis inexorablement attirée dans le
faisceau de son redoutable champ magnétique qui ne permet aucune fuite, aucun retour en arrière. Il me tire et me retire de mon enlisement désespéré, par la puissance de son aimant.
De la sombre Charybde d'où j'émerge enfin, je me laisse engloutir en Scylla, lac bleu qui miroite au coeur de cette multitude de
tournesols dont les têtes, tournées vers le chaud soleil du sud, semblent implorer, pour mon salut, le Dieu du Ciel.
Bonne lecture. N'hésitez pas à donner votre avis. MERCI