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  • : Le blog de LucileG(43)
  • : Lecture et écriture : deux activités complémentaires qui permettent l'évasion et l'expression. L'objectif de ce blog est de faire connaître et de partager nos informations.
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  • Lucile Gauchers
  • Je me suis mise à l'écriture en Juillet 2008. Déjà parus aux éditions EDILIVRE : 
- À la lumière du pardon (2011)
- Destins - Au-delà des apparences (2012)
- Aimer à en perdre la raison (2015)
Ont suivi : En 2016 : Souffles de vies (éd. Abatos)  - La chanson de Karly (collectif LGO) - En 2017 : La dernière à rester et Piégé (auto-édition) - Déviances (éd. Abatos) - Tome 1 de l'album jeunesse : Les découvertes de Colin et de Coline (auto-édition). En mars 2018, le tome 2 : Les découvertes continuent avec Colin et Coline, et prochainement un petit recueil illustré de textes poétiques. Projets immédiats : terminer un roman commencé et les tomes 3 à 5 de l'album jeunesse. Autres projets  : deux romans (l'un en corrélation avec la Dernière à rester, l'autre une fiction historique en Haute-Loire, un troisième tiré d'une histoire). 
Grande lectrice de romans de société et de thrillers psychologiques, j'aime aussi la poésie et la musique.
  • Je me suis mise à l'écriture en Juillet 2008. Déjà parus aux éditions EDILIVRE : - À la lumière du pardon (2011) - Destins - Au-delà des apparences (2012) - Aimer à en perdre la raison (2015) Ont suivi : En 2016 : Souffles de vies (éd. Abatos) - La chanson de Karly (collectif LGO) - En 2017 : La dernière à rester et Piégé (auto-édition) - Déviances (éd. Abatos) - Tome 1 de l'album jeunesse : Les découvertes de Colin et de Coline (auto-édition). En mars 2018, le tome 2 : Les découvertes continuent avec Colin et Coline, et prochainement un petit recueil illustré de textes poétiques. Projets immédiats : terminer un roman commencé et les tomes 3 à 5 de l'album jeunesse. Autres projets : deux romans (l'un en corrélation avec la Dernière à rester, l'autre une fiction historique en Haute-Loire, un troisième tiré d'une histoire). Grande lectrice de romans de société et de thrillers psychologiques, j'aime aussi la poésie et la musique.

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 22:50

C'était le sujet de la dissertation à rendre pour le 12 juin 1967 (en classe de première), avec "Commentez cette phrase". Vous la trouverez ci-dessous :

 

 

Victor Hugo, poète du dix-neuvième siècle, a été le plus populaire des poètes de son temps et il reste le plus populaire des poètes français. Même André Gide répondit à un enquêteur qui lui demandait le nom du plus grand poète français : "Hugo, hélas !". Pourquoi victor Hugo est-il le plus grand poète français ? Et pourquoi ce hélas !" ?

 

 

Victor Hugo manifeste dans son oeuvre certaines vertus incontestables. Tout d'abord, il faut considérer le volume de son oeuvre, sa fécondité qui est, chez lui, "l'aptitude à tirer de soi-même des formes toujours différentes de création". Sa poésie est la seule grande poésie, qui, en France, se soit déployée dans l'étendue avec aisance et faste. Ici la quantité fait déjà fonction de qualité.


La diversité est aussi une vertu incontestable de son oeuvre : Victor Hugo a fini par dépasser le mouvement littéraire de son temps pour suivre sa propre évolution. La diversité de son oeuvre est fonction de la liberté qu'il conçoit pour le poète : contrairement aux interdits classiques (qu'il récuse) et aux interdits modernes (qu'il ignore), V. Hugo voit dans "la poésie, un vaste jardin où il n'y a pas de fruit défendu" (Préface des Orientales). Pour lui "le domaine de la poésie est illimité" (Préface des Odes et ballades). Aussi aborde-t-il tous les thèmes, tous les tons : avec La légende des siècles, Victor Hugo donne à la France un exemple d'épopée ; avec les Châtiments, un exemple de satire politique ; avec certains poèmes dont La tristesse d'Olympio, un exemple de poésie lyrique ; avec Hernani ou Ruy Blas, un exemple de drame théâtral etc...

 

Le style hugolien est aussi un atout majeur. La richesse de son vocabulaire lui permet d'aborder tous les thèmes sans manquer de termes exacts. L'éclat des images, les métaphores, les antithèses (ex. : l'ombre appelle la lumière ; le crime appelle l'innocence ; le sublime appelle le grotesque comme Don César, grotesque devient sublime etc...) créent dans son oeuvre un réalisme poussé parfois jusqu'au morbide (ex. : Cromwell signant l'arrêt de mort de Charles I et barbouillant en même temps d'encre le visage d'un secrétaire. C'est la coexistence de comique et de tragique mais cela montre aussi le cynisme de Cromwell). V. Hugo acquiert progressivement "une sorte de souveraineté technique qui prend forme non plus d'une virtuosité mais d'une identité absolue du mouvement intérieur du langage".


Thibaudet écrit : "La royauté des mots, nul ennemi ne la lui conteste". Mallarmé dit de lui qu'il "fut le vers personnellement". Il faut donc compter comme vertu, sa connaissance approfondie et cultivée de la langue française : syntaxe et vocabulaire, ainsi que son immense imagination d'où résultent les métaphores, les images.

 

 

Pourquoi ce "hélas !" ?

Je crois qu'il s'agit surtout de son style ; malgré sa royauté sur les mots, certains disent qu'il est le moins verbal de tous à cause de son éloquence vide, sa déclamation insupportable. Certains voient en lui "le type de poète égaré dans les directions funestes de l'anecdote, du didactisme, de l'éloquence : on lui reproche d'avoir ignoré la rigueur, l'ambiguité, la pureté". Ex. : "un seul vers de Nerval, dit-on, pèse plus lourd que les dix mille vers des Contemplations ; les deux cent cinquante pages des Fleurs du mal l'emportent sur les dix mille pages de son oeuvre poétique".

 

Maître souverain des mots, il les manie avec une négligence déconcertante, entassant les répétitions, accumulant les mêmes épithètes, retrouvant les mêmes rimes, en un mouvement de "redite". Est-ce de l'inconscience d'un génie élémentaire, un manque de goût, un procédé de facilité et de paresse ?

 

Victor Hugo écrit dans William Shakespeare : "Tout dans le génie a sa raison d'être". On doit donc comprendre que cette monotonie, cette redite, ne sont ici ni une faiblesse ni une ruse du style mais qu'elles en sont l'une "des raisons d'être".

 

M. Raymond a signalé "son génie du grotesque" qui ne doit pas être confondu avec celui de la satire politique ou morale. Ce grotesque est révélé par son théâtre et on dit de lui "Un Hugo rabelaisien et "espagnol" s'y ébrout sous les haillons d'un picaro, dans un monde irrégulier, au milieu d'une nature déchiquetée, baroque, toute en excroissances et en tumeurs".

 

Enfin, malgré quelques défauts de Victor Hugo, entre autre son orgueil - personne n'est parfait en aucune matière -, Hugo reste le plus grand poète français. Le poète L.-P. Fargue dit de lui "Ce Hugo, c'était l'honneur de notre profession". Gautier voit en lui "un arbre immense", Sainte-Beuve le considère comme "un homme qui a des facultés extraordinaires et disproportionnées", Leconte de Lisle le compare à l'Himalaya, autant d'images qui concordent pour suggérer l'idée de la puissance et d'une démesure étrangère à ce que l'on est convenu d'appeler le génie français. Enfin Th. Maulnier voit en définitive en lui "la parfaite réalisation du mythe de l'homme des lettres" : "Une fois au moins dans l'histoire des lettres, une oeuvre a été consacrée à faire passer dans la légende humaine, non ses créatures, mais son créateur".

 

 

J'ai obtenu une note très honorable à mon devoir.

Appréciation de ma prof : "Un devoir bien composé, des idées exactes. Mais utilisation trop passive des appréciations des critiques : on aimerait trouver des citations, une étude précise des qualités de tel ou tel passage d'un poème !"

 

Pas facile de se mettre dans la tête d'un prof et de savoir exactement ce qu'il souhaite trouver dans nos copies. J'imagine que les prof de lettres et de philosophie doivent avoir la tête "farcie" à la lecture de toutes ces copies d'élèves. Un sacré travail quand même de leur part  : préparer chaque cours, le présenter en classe et corriger donc lire un tas de dissertations. Chapeau bas !

 

 



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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 22:00

Encore une dissertation faite en première A (littéraire) pour le 10 avril 1967, dont le sujet était le suivant :

 

"Chateaubriand a été surnommé "L'enchanteur" par ses contemporains. Trouvez-vous que c'était justifié à son époque et vous apparaît-il encore ainsi aujourd'hui ?"  (en 1967 je le rappelle, mais je pense que c'est encore valable en 2013 !)

 

 

C'est en 1801 que Chateaubriand fit paraître son premier roman Atala, lequel remporta un succès éclatant. Il fut encouragé par ce succès et publia Le Génie du Christianisme dont devait faire partie Atala et René. C'est à cette époque qu'il fut surnommé "L'enchanteur" par ses contemporains grâce à Atala qui produisit justement un "effet d'enchantement".

 

 

C'est à son style que Chateaubriand doit son surnom. Comme il existe des artistes peintres, des artistes musiciens, il existe aussi des artistes poètes ou écrivains. En effet, on peut considérer Chateaubriand comme un artiste qui essaie de transcrire la beauté et la majesté de la nature ou bien d'analyser les sentiments humains. Pour cela, il se sert des armes d'un écrivain : son style et sa plume, comme un peintre se sert d'un pinceau et d'une palette, et comme un musicien utilise un instrument de musique.

 

Un tableau, une symphonie peuvent enchanter ; de même une belle page, un beau roman peuvent émouvoir et enchanter. En effet, ce que l'on admire le plus chez Chateaubriand, ce n'est pas l'originalité de ses sujets - qui tiennent tout de même une certaine place - mais surtout la description de paysages magnifiques, compositions d'art pleines de majesté et organisées comme de véritables tableaux ayant un pouvoir presque magique de suggestion.

 

Grâce à ce style, à ce don de suggestion qui émanent de ses oeuvres, il se sert harmonieusement du décor pour l'accorder avec art à la situation et aux sentiments des personnages : en effet, la nature ne tient pas seulement le rôle de décor mais elle sert de miroir à l'analyse psychologique des sentiments :

"Un jour, je m'étais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau, et à attacher une idée à chaque feuille que le courant entrainait...  Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d'aussi peu de valeur que mes feuilles de saule ?"

"Les sons que rendent les passions dans le vide d'un coeur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert".

"Qu'il fallait peu de choses à ma rêverie ! Une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime dépouillée des arbres..., souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent."

"... Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie !"... "Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enfammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté et comme possédé par le démon de mon coeur..."

 

La nature lui sert de source intarissable de comparaisons, de symboles. C'est surtout le roman Atala qui produisit un "effet d'enchantement" car ce fut une nouveauté : ses oeuvres étaient une "sorte de production d'un genre inconnu" qui marquait "l'aube de la littérature romantique". L'exotisme américain qui se dégage d'Atala était un genre tout à fait nouveau bien que d'autres aient publié leurs impressions d'Amérique. De ce roman, on devine l'âme de Chateaubriand lui-même avec les mêmes sentiments : solitude, mélancolie... la peinture de paysages extraordinaires, l'amour de deux êtres à demi-sauvages, et en pleine nature. C'est pourquoi les contemporains de Chateaubriand le surnommèrent "L'enchanteur", et ceci à juste raison.


 

Qu'en est-il aujourd'hui ? Chateaubriand est lu, surtout Les Mémoires d'outre-tombe, car en se racontant lui-même, Chateaubriand raconte son siècle tout entier ; cette autobiographie devient une oeuvre d'histoire dont on retrouve certains passages comme documentation dans les livres d'Histoire : la prise de la Bastille, l'entrée à Moscou, la retraite de Russie, et tant d'autres.

 

On ne recherche pas le côté enchanteur de son oeuvre, tout du moins je ne crois pas. Certes on admire son style ; on peut justifier le surnom d' "enchanteur", mais quoique l'on dise, je ne pense pas qu'Atala  produise encore "un effet d'enchantement". On est sensible à son charme mais pas enchanté. On admire l'aisance de son style qui fait de ses oeuvres de véritables poèmes en prose - il définissait lui-même son oeuvre comme "une sorte de poème moitié descriptif, moitié dramatique". On envie le don de suggestion, l'harmonie de ses phrases, la magie de ses mots ; on envie son imagination débordante, mais on n'est pas enchanté. Pourquoi ? À notre époque, cet exotisme américain n'est plus une nouveauté ; on préfère peut-être à Chateaubriand d'autres poètes ; ou bien le mal du siècle de Chateaubriand ne nous atteignant pas, nous nous enthousiasmons moins à ses oeuvres, donc il n'y a pas "d'effet  d'enchantement".

 

Chateaubriand apparaît-il encore un "enchanteur" à notre époque ? La réponse est tout à fait personnelle : on peut se sentir enchanté à la lecture d'un roman de Chateaubriand ou on peut être sensible - ce que mérite Chateaubriand -, on peut aussi détester Chateaubriand , lui trouver tous les défauts ; moi j'aime Chateaubriand dans la juste mesure : je suis sensible à certains passages mais je ne suis pas enchantée par son oeuvre.

 

 

À notre époque, nous louons dans Chateaubriand, moins le rêveur que le peintre, moins le sentiment et la fantaisie que la couleur. Sa gloire c'est d'avoir compris, aimé, reproduit les magnificences de la nature et la poésie de la lumière et de la matière. Chateaubriand est un peintre ayant utilisé la plume et son style au lieu du pinceau et de la palette.

 

 

 

Appréciation de ma prof. de français : "Idées et exemples présentés avec ordre et netteté" et la mention A.B. (assez bien). J'ai dû écrire déjà qu'elle mettait rarement des mentions.

Alors, vous ai-je donné envie de lire - ou relire - les oeuvres de Chateaubriand ? Que c'est loin tout cela pour moi aujourd'hui ! Je leur préfère les thrillers psychologiques, les romans de société dans lesquels se mêlent intrigues et psychologie, actions et sentiments !

Bonne lecture.

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 16:14

Comme remède aux grands troubles de l'âme, Montesquieu recommandait la lecture. Lamartine au contraire disait : "Mais la nature est là, qui t'invite et qui t'aime." Quel est celui de ces remèdes que vous choisiriez et pourquoi ? (Sujet de dissertation de français pour le 6 mars 1967, en première)

 

Montesquieu pense que la lecture est un excellent remède aux troubles de l'âme tandis que Lamartine dit :"Mais la nature est là, qui t'invite et qui t'aime." Quel est le meilleur remède ? La nature ou la lecture ?

 

Est-ce que la lecture peut être un remède aux troubles de l'âme ? En ce qui me concerne, tout dépend du livre. D'abord quels seraient ces troubles qui agiteraient notre âme : l'amour, la haine, la mélancolie, le désespoir ? Que sais-je ? D'après mon trouble, je choisirais plus particulièrement tel ou tel livre : le choix de la lecture révèle la personnalité du lecteur. Si je suis amoureuse et que cet amour ne semble pas partagé, j'aurais tendance à lire des romans où tout finit bien, c'est-à-dire par le mariage des amoureux. Si je me sens désespérée, je lirais un livre dans lequel le héros n'a pas de chance et rencontre tous les malheurs possibles. Le sentiment commun de désespoir me lierait à ce personnage, car en lisant toutes les tentatives de se réhausser, de vaincre son désespoir, j'essaierais d'imiter le héros du roman, je tenterais de ne plus être accablée et de m'en sortir.

 

La lecture peut nous révéler les aspects de nous-même. En quoi ? On peut y découvrir ses connaissances, ses sentiments : on peut se voir différent de ce que l'on est réellement ou plutôt de ce que l'on pense être. On peut éprouver de la pitié ou de l'admiration - sentiments presque inconnus auparavant ; on peut découvrir à quel degré on est sensible ou insensible à cause du trouble de son âme. La lecture nous permet aussi de nous identifier au héros comme par exemple l'amoureux incompris qui lit des romans où tout se termine bien : il se met à la place de l'un des personnages et il oublie pour quelque temps son propre chagrin puisqu'il peut se croire aimé de retour ; ou alors, à la suite de sa lecture, il rêve et se voit en personne comblée. Comment le lecteur, dont l'âme est sujette à des troubles, se sent-il s'identifier au héros ? En lisant, il pénètre dans l'atmosphère du livre et arrive à perdre conscience de ce qui l'entoure et de ce qu'il pense ou ressent vraiment, donc il oublie momentanément son trouble, quel que soit le type de lecture : romans, poésie et même pièces de théâtre.

 

La lecture peut donc être parfois un remède à une passion, à un sentiment quelconque qui bouleversent l'âme. L'est-elle toujours ? Pour ma part, elle peut raviver un chagrin ou même l'aggraver en me faisant pleurer, tout dépend de mon état d'esprit du moment. De même, le degré de passion ou de sentiment qui agite l'âme d'un lecteur peut être à un tel point élevé que ce dernier ne s'intéressera plus à rien, comme par exemple il lira quelques lignes et refermera aussitôt le livre (réaction identique devant n'importe quelle autre occupation d'ailleurs). Si malgré tout, le lecteur parvient à poursuivre sa lecture qui l'intéresse, il pourra en dire avec amertume et même dédain que "c'est du roman", que c'est impossible ou que cela ne le lui arrivera jamais. Dans ce cas, la lecture ne peut pas jouer le rôle de remède, elle peut le rendre incrédule, et même accentuer ou déformer son trouble par un sentiment de jalousie car il ira jusqu'à envier le bonheur du héros de son livre.

 

Alors la nature, quel rôle pourrait-elle jouer devant les troubles de l'âme ? Elle pourrait peut-être apporter calme et apaisement par les promenades, le grand air, le soleil, la végétation. Selon les personnes, la nature pourrait être un remède.

 

Pour ma part, quand je ressens par exemple un sentiment de colère (quelle qu'en soit la raison), je sors faire une promenade rapide et même une petite course. Avec l'effort physique et l'essoufflement dans un cadre neutre comme la nature, je parviens bien souvent à me calmer, au moins partiellement. La détente ainsi procurée libère aussi des larmes qui complètent le retour au calme et me fait apprécier mon environnement et même parfois l'inutilité de ma colère. De même, lorsque je me sens triste, j'aime écouter le chant des oiseaux, admirer et sentir les fleurs, regarder l'eau scintiller sous les rayons du soleil, entendre le murmure du feuillage dans les arbres. Je me sens consolée. Oui, comme le dit Lamartine 'la nature est là qui m'invite et qui m'aime'. Mais tout le monde ne peut pas profiter de la nature, en cas d'immobilisation par exemple. Si je suis malade et cloîtrée, si je n'ai pas de livres à lire, que me restera-t-il comme remède aux troubles de l'âme ? Le rêve éveillé, qui, même s'il n'autorise pas de rencontres avec des personnages livresques ou avec la nature, me tiendra lieu de remède en me permettant de me projeter dans l'avenir, de trouver des solutions, de m'imaginer ou de voir les autres autrement.

 

Pour ma part, selon la personnalité et la nature des troubles de l'âme, je trouve trois remèdes aux troubles de l'âme : la lecture, la nature et le rêve. Je n'ai aucune véritable préférence car j'utilise les trois selon "mon trouble".

 

 

Lorsque j'ai relu ce devoir, j'ai souri sur son contenu. Quels troubles majeurs agitent les adolescents, sinon les premiers émois amoureux, le mal être indéfinissable et difficile à exprimer à cet âge-là.

 

Ma note a été honorable, sans plus, avec comme appréciation du prof : "Inégal. Des remarques intéressantes parfois. Mais vous tendez trop à parler pour n'importe qui et pas assez pour votre propre compte"... Effectivement, la question dans le sujet du devoir était : "Quel est celui de ces remèdes que VOUS CHOISIRIEZ et pourquoi ?"

 

Bonne lecture. C'est le cas de le dire (rires !)

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 


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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 13:24

Rousseau, dans les Rêveries, est tout en contradictions. Il revendique la solitude physique et elle finit par devenir, pour cet être aimant et souffrant, une cruelle solitude morale. En fait Rousseau n'a jamais connu cette sérénité qu'il exprime dans certaines promenades des Rêveries. Ce sont plutôt le témoignage de l'échec humain d'un solitaire qui ne peut se passer de ses semblables et de leur affection et qui ne peut pas non plus abandonner ce besoin d'écrire qu'il feint de mépriser.

 

 

La première promenade montre un Rousseau résigné, qui n'attend plus rien de la vie, et s'il écrit, c'est pour lui-même et non pour les autres qui ne l'ont pas compris : "Dès lors je me suis résigné sans réserve et j'ai retrouvé la paix."  Il adopte une politique d'abstention : "tout ce qui m'est extérieur m'est étranger désormais"  et il écrit aussi que "s'abstenir est son unique devoir."  Dans la seconde promenade, une tristesse le pénètre. C'est le thème de l'automne renouvelé, transformé, qui symbolise le moment de transition entre la jeunesse et la vieillesse. Une impression de solitude domine. Le thème de la mélancolie y est aussi traité, le souvenir est une consolation et il se met à la recherche du temps perdu. Rousseau trouve aussi une consolation dans la littérature. Il se plonge dans la lecture dans la troisième promenade. Il embrasse rétrospectivement l'histoire de sa démarche philosophique : "je deviens vieux en apprenant toujours" (Solon). Ici, Rousseau nous apparaît ferme, d'une apparente sérénité ou résignation. Il se croit même à l'abri. Cet état d'esprit se poursuit dans la cinquième promenade ; c'est une période stable pour l'esprit de Rousseau. Et c'est l'apparente vie heureuse de l'Île de Saint-Pierre où il a confiance de pouvoir se suffire à lui-même. C'est une réaction logique de Rousseau devant une humanité qui se refuse à lui. La cinquième promenade marque le point d'aboutissement extrême de l'existentialisme de Rousseau. Il aspire à "jouir de son être". Et dans la mesure où il se rapproche des Mystiques, il se fait son système de valeurs qu'il oppose à celui du monde : à lui l'absolu et le permanent, aux autres le relatif et l'éphémère ! Ainsi Rousseau mêle les principes socratiques à "l'ataraxie" stoïcienne. Dans la huitième promenade, Rousseau se persuade que, même durant ses moments de prospérité où il était aimé des hommes, il n'était pas heureux. C'est une période calme où il affirme qu'il se trouve heureux seul et ne voudrait pas changer de place avec un homme comblé ! Réduit à vivre seul, il veut se suffire à lui-même. Dans la dixième promenade, Rousseau se plonge dans le souvenir de Madame de Warens.

 

Ces promenades montrent un Rousseau qui semble résigné, heureux, serein, aimant la nature et la vie, et "jouissant de son être". Mais ce n'est qu'une image idéale qu'il modèle lui-même. En fait, dans les quatrième, sixième, septième et neuvième promenades, Rousseau nous apparaît tout autre, en plein désarroi, et c'est ce qu'il est effectivement.

 

 

Dans la quatrième promenade, Rousseau médite sur le mensonge ; il démontre qu'il n'a jamais menti. Cette promenade, tout en revirements, trahit un profond désarroi, et Rousseau se demande s'il est aussi facile de se connaître soi-même qu'il l'a cru dans le passé. L'Idéal de Rousseau dans les Rêveries est une sorte de stoïcisme chrétien plutôt qu'un mysticisme. On remarque dans la sixième promenade que l'humanisme de Rousseau est plus rêvé que vécu : il est idéaliste ! Il se plaint amèrement de ce que les hommes aient changé à son égard. Pourquoi se plaint-il puisqu'il dit préférer la solitude ? Finalement, il en vient à se demander si ce n'est pas lui qui a changé : il présente cette question comme une absurdité. Ne serait-ce pas de l'angoisse ? Car le sentiment de l'absurde touche souvent de très près l'angoisse. Rousseau est inquiet, et à force de penser à cet éventuel changement, il perd sa sérénité retrouvée à la cinquième promenade. Il se propose d'être "nul". Dans la septième promenade, il n'a pas cessé de penser aux hommes, à leurs jugements contre lui, et il en arrive à écrire : "c'est me venger de mes persécuteurs à ma manière, je ne saurais les punir plus cruellement que d'être heureux malgré eux". Cette phrase-même trahit qu'il n'est pas heureux, mais qu'il veut montrer aux autres et à lui-même qu'il l'est. Et pour échapper à ces idées démoralisantes, il s'échappe dans le monde de la botanique. Le promeneur solitaire croit avoir renoncé à trouver le bonheur sur cette terre, il se croit résigné à n'avoir plus de rapports avec la société, avec ses semblables, mais la neuvième promenade prouve assez qu'il cherche à se tromper, et, en fait, s'y exprime la frustration des sentiments sociables de Jean-Jacques Rousseau. Au lieu d'être heureux, d'avoir trouvé la paix comme il le prétendait, il se sent frustré. Cette promenade montre le plus les contradictions de Rousseau.

 

 

Pourquoi Rousseau cherche-t-il à admettre et à faire admettre qu'il est heureux dans sa solitude ? Si ce n'est à cause de l'orgueil qui l'anime depuis toujours : le Rousseau hanté par la crainte que l'on puisse le confondre avec les autres hommes, Rousseau plus contradictoire que jamais ! Les Rêveries révèlent un autre homme dans certaines promenades, mais dans les autres il est moins changé dans ses inquiétudes et dans ses vains espoirs qu'il prétend le croire. Rousseau est emprisonné, étouffé par une solitude à la fois voulue et haïe, et par autosuggestion, il essaie de se persuader qu'il a retrouvé la paix, et que le silence hostile des hommes ne peut plus l'atteindre et le faire souffrir.

 

 

J'ai rédigé cette dissertation de lettres à 17 ans 1/2 en classe de terminale. Je n'étais pas toujours régulière en cours de français, car je réagissais beaucoup en fonction de mes "goûts" donc de mes préférences ! J'ai obtenu une bonne note à ce devoir avec la mention A.B. (assez bien). Mon prof. mettait très peu d'appréciations de ce type à l'ensemble de la classe, autant vous dire que lorsque nous obtenions un A.B., nous étions aux anges. Je n'ai jamais eu de B. (bien). Ci-après son appréciation écrite : "Construction du devoir sur une opposition fort acceptable. Des réflexions parfois subtiles".

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 21:50

Jean-Jacques Rousseau s'en prend longuement au Misanthrope, plus par raisons personnelles - ses brouilles avec ses deux plus chers amis Grimm et Diderot -, que par raison littéraire, bien qu'il écrive que c'est le chef d'oeuvre de Molière.


 

Il s'identifie à Alceste et lui prête ses propres ressentiments. Il écrit dans la lettre à d'Alembert que "Alceste est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien qui déteste les moeurs de son siècle et la méchanceté de ses contemporains."


 

Alceste est-il vraiment cet homme-là ? Comme il déteste les maux et les vices de ses semblables, il reproche son manque de franchise à Philinte : Alceste est forcément droit. Il se dit également homme d'honneur et de vertu : aux vers 35 et 36, il dit "Je veux qu'en homme d'honneur, on ne lâche aucun mot qui ne parte du coeur."  Il a également un coeur sincère : par exemple, son amour pour Célimène est sincère même s'il déplore sa coquetterie, et comme il est juste, il veut demander des explications à Célimène au sujet de ce défaut. Alceste est également franc lorsqu'il donne son opinion sur le sonnet d'Oronte. Il est d'une sincérité implacable : "Je veux qu'on soit sincère." (Vers 35). Il est donc estimable par sa franchise, sa loyauté. D'ailleurs n'aime-t-on pas "que" les gens francs et loyaux au lieu des hypocrites et des menteurs ? Alceste est aussi un véritable homme de bien car il voudrait que tous soient honnêtes et sincères. Il n'aime que ce qui est juste et bon sur la Terre. Il déteste les moeurs de son siècle où la noblesse se faisait poète-amateur et écrivait des sonnets précieux, légers, frivoles qui ne plaisaient pas du tout aux gentilhommes comme Alceste, qui en dit d'ailleurs : "Ce n'est que jeux de mots, qu'affectation pure, Et ce n'est point ainsi que parle la nature. Le méchant goût du siècle, en celà, me fait peur."


 

En écrivant qu'il déteste la méchanceté de ses semblables, Rousseau vise surtout ses anciens amis Grimm et Diderot avec qui il se brouille définitivement en 1757.


 

L'auteur lui donne un personnage ridicule, dit encore Rousseau : le misanthrope de Molière joue un rôle ridicule. En effet, Alceste nous apparaît ridicule dans son exagération. Il est trop catégorique, d'une sincérité trop inflexible. Il n'aime pas les moeurs de son siècle, et pourtant tout citoyen doit s'habituer et s'imposer dans n'importe quelle société malgré ses défauts. Alceste, lui, montre bien qu'il est l'ennemi des ménagements qu'impose la vie de société de son époque : il est contre tout et tous. Les gens pensent que Molière joue la haine des hommes à travers Alceste. Rousseau croit le contraire : le misanthrope n'est pas l'ennemi du genre humain. En s'identifiant à Alceste, Jean-Jacques Rousseau se vise lui-même. En effet comme il veut se retirer dans sa solitude, il veut se persuader qu'il ne hait point les hommes mais qu'il déteste leurs défauts qui les conduisent aux vices. Pourtant lorsque Philinte dit à Alceste "Vous voulez un grand mal à la nature humaine", Alceste répond "Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine" (Vers 113 et 114), et il ajoute au vers 118 "je hais tous les hommes."


 

Néanmoins, Rousseau ne démord pas de son opinion ; il croit qu'Alceste dit cela sous le coup de l'emportement, qu'il ne le pense pas vraiment et que, dans son for intérieur, il n'éprouve pas une telle aversion envers les hommes : "Il est naturel que cette colère dégénère en emportement et lui fasse dire alors plus qu'il ne pense de sang-froid."  Rousseau ajoute également "qu'un vrai misanthrope est un monstre" qui ferait "horreur", s'il existait. Pour lui, Alceste ne fait absolument pas horreur puisque l'on rit, but que s'est fixé Molière en le faisant jouer un rôle ridicule.



Rousseau dit encore que "s'il n'y avait ni fripons ni flatteurs, il aimerait tout le genre humain". Il est vrai que, misanthrope ou non, on peut éprouver de l'aversion pour certaines personnes antipathiques, et tout gentilhomme sincère, loyal et ayant le sens de l'honneur est misanthrope en son for intérieur lorsqu'il se trouve devant des fripons et des flatteurs. On n'a rien à craindre d'un misanthrope qui est l'ennemi des défauts de la société, tandis que l'on peut s'attendre à tout de "l'ami du genre humain", qui, sous un masque de bonté et de sincérité, cache l'hypocrisie et la méchanceté. En effet, l'ami du genre humain n'ose pas dire sa véritable pensée, il a peur de communiquer ses quatre vérités à quelqu'un, il flatte ses défauts ou ses actions (bonnes ou mauvaises) pour ne pas le perdre. D'ailleurs cet homme-là est souvent l'ami de celui qui l'intéresse à tout point de vue.


 

Rousseau, en prenant prétexte d'analyser le caractère d'Alceste par rapport à la pièce de Molière, cherche à expliquer sa conduite et sa raison de vouloir se retirer dans sa solitude. En s'identifiant à Alceste, il juge à la fois la conduite d'Alceste et la sienne.


 

Commentaire : cette dissertation de français a été rédigée pour le lundi 30 janvier 1967, alors que j'étais âgée de seize ans et demi. Il y a des lourdeurs dans le style, mais ne dit-on pas que l'on s'améliore avec l'âge ? J'ai obtenu une note très honorable avec comme appréciation : "Un développement bien appuyé d'exemples et nettement construit. Des lacunes toutefois : le ridicule d'Alceste n'est pas assez montré et discuté. Molière a-t-il joué la vertu ?"

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 05:04

J'aime lire aussi !... Et le dernier roman que je viens de déguster est celui de Philip Carter :

 

Le secret des glaces

 

 

Âmes trop sensibles, s'abstenir ! Car vous allez frissonner de froid et d'effroi : vous allez voyager d'ouest en est, tous azimuts, et effectuer virtuellement des cascades dignes de l'acteur Jean-Paul Belmondo ; vous allez vous noyer dans des sentiments contradictoires ; vous serez sidéré(es) par la noirceur de l'être humain - là, je ne vous apprends rien - ; mais vous allez envier aussi la profondeur de sentiments amoureux que vous découvrirez petit à petit, tout en ressentant des doutes et des espoirs ; vous allez osciller entre le réel et l'imaginaire, entre le voulu et le subi, entre la vie et la mort...

 

 

Plus vous avancerez dans la lecture de ce roman, plus vous aurez du mal à en sortir. Et si vous parvenez à vivre intensément cette histoire jusqu'au bout, vous n'en ressortirez pas indemnes. Vos pensées repartiront, malgré vous, dans les méandres de cet ouvrage. Vous découvrirez aussi une version très plausible d'un pan de l'histoire américaine, mais chut... 

 

 

Je ne vous cache pas que je suis incapable d'écrire et de décrire ce type d'aventure. Je me cantonne dans ce que je sais faire : le roman intimiste dans lequel j'évoque les pensées et les ressentis de personnages confrontés à des situations très personnelles, qui peuvent se produire dans la vie de chacun. L'imaginaire et la science-fiction, je les lis, je ne les écris pas !

 

Vous voulez vous "évader" - au propre comme au figuré  ? Alors n'attendez pas, ce roman est pour vous.

 



Je vous souhaite un excellent moment de lecture.

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 08:29

Vous aimez lire et vous voulez sortir des sentiers battus !

 

 

L'opus 2 de Leitmotive publié par les éditions Jacques Flament vous attend et ne demande qu'à être découvert.

 

 

Découvert, oui ! Car au fil de votre lecture, vous allez aborder - dans une première partie -, treize magnifiques textes traitant de la déportation avec une approche très différente, puis une quinzaine de nouvelles réunies dans la seconde partie, qui vont - pour certaines du moins -, vous étonner.

 

 

Vous étonner, comme je l'ai été ! Et après une première lecture, vous pourrez revenir autant de fois que vous voudrez sur vos récits préférés en déambulant dans le recueil comme dans un dédale de souterrains livrant leurs secrets.

 

 

Certains textes vont vous émouvoir à la limite du supportable ; d'autres vont certainement vous amuser ; d'autres encore vont sans doute vous choquer un peu mais ne vous laisseront pas insensibles ; enfin, certains vous transporteront, et vous voyagerez au gré de votre imagination...

 

 

Vous êtes tenté(e) ? Alors n'attendez pas pour commander ce recueil, pour vous-même ou pour offrir. Allez sur le site de l'éditeur : www.jacquesflament-editions.com

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:53

Né à Port-au-Prince en 1956, il vit aux USA de 1968 à 1975 avec sa mère divorcée. Issu de la bourgeoisie moyenne aisée par son père - avocat haïtien -, Lyonel Trouillot a libre accès à la bibliothèque paternelle. Ses lectures vont le conditionner. Il se plaît à dire que certains ouvrages l'ont "déniaisé", comme Les raisins de la colère, roman de John Steinbeck paru en 1939, dans lequel il découvre la pauvreté américaine.

 

Lyonel Trouillot est modeste ; en effet, bien qu'il ait à son actif une dizaine de romans, des recueils de poésie et d'essais, il préfère la définition de "citoyen haïtien qui écrit des livres" au "statut ambilieux d'écrivain"  !

 

En septembre 2011 parait La Belle Amour humaine (éd. Actes Sud). C'est à son compatriote Jacques-Stephen Alexis - victime des tontons macoutes (1) en 1961 -, qu'il a emprunté l'expression "la belle amour humaine". L'un des personnages de son récit pose la question "Ai-je fait un bon usage de ma présence au monde ?" et Lyonel Trouillot confirme : "Quand j'oublie la question, la réalité se charge de la poser".

 

Contrairement à Dany Laferrière (auteur rencontré au festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo), qui place la littérature au-dessus de tout engagement, le romancier et poète haïtien estime que les intellectuels ont des responsabilités à assumer en dénonçant les injustices et les inégalités. Il porte un regard attentif aux autres, et c'est tout naturellement qu'il participe régulièrement à ce festival des Etonnants Voyageurs de Saint-Malo.

 

En dehors de la bibliothèque de son père, c'est sa mère - fervente catholique - qui lui a transmis ce qu'il nomme "l'art de la disponibilité"  aux autres.

 

Son enfance a été "marquée par les chuchotements", sous le régime de terreur de Duvalier père. Pourtant, l'étudiant de 19 ans choisit de revenir vivre à Port-au-Prince, un choix politique décisif : "Je suis rentré à l'heure où Duvalier fils érigeait en système l'injustice économique et sociale. Sans parler de l'ouverture d'Haïti aux dérives de la dépendance."

 

La colère l'emporte sur sa douceur habituelle, quand, après le tremblement de terre qui a secoué l'île en 2010, il voit déferler les ONG. Il n'hésite pas à dénoncer cette reconstruction qui ne saurait s'engager "sans la confiance et le respect dus au peuple haïtien." Dans son ouvrage Refonder Haïti ? paru en Janvier 2011 (éd. Mémoires d'encrier), Lyonel Trouillot (avec d'autres intellectuels) a donné ainsi des pistes pour sortir avant tout des préjugés d'origine sociale et raciale.

 

Aujourd'hui, l'écrivain ne cesse d'enseigner la littérature pour une "nécessaire transmission". Il a baptisé du nom de sa mère le centre culturel ouvert récemment à Port-au-Prince, dans le quartier populaire de Delmas, où les enfants pauvres peuvent bénéficier d'une aide aux devoirs et de l'accès à une vaste bibliothèque dotée de 5000 livres.

 

Je terminerai par cette confidence de Lyonel Trouillot : "Comment être heureux quand le malheur est en si bonne santé dans le monde ? Puisque l'autre appartient à la même espèce que moi, je ne peux penser mon équilibre sans un dialogue avec lui."

 

 

Article de Lucile Gauchers, d'après les propos recueillis par Marie Chaudey dans l'hebdomadaire chrétien d'actualité n° 3446 (15 au 21.09.2011)

 

 

 

(1) Nom donné aux membres de la milice paramilitaire de François et Jean-Claude Duvalier - les Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN).

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 13:19

Bernadette Puijalon fut, à son époque, l'une des rares étudiantes à s'intéresser au problème de la vieillesse chez l'homme. Trente ans avant la canicule de l'été 2003, elle rédigeait sa thèse d'anthropologie sur l'avancée en âge et la dépendance.

 

Née en 1951, Bernadette Puijalon est donc de ma génération. Pourtant, pendant qu'au même âge, mon intérêt se tournait vers le développement de l'enfant et l'enseignement primaire, elle se penchait sur l'adulte vieillissant. Elle fut une élève de Louis-Vincent Thomas - né le 2o mai 1922 et mort le 22 janvier 1994 -, anthropologue, spécialiste de l'Afrique, et fondateur de la Société française de thanatologie (1).

 

Dès 1977, elle est anthropologue à l'université Paris-Est-Créteil, et donne encore aujourd'hui un cours sur "l'âge". Elle dirige un master pour les professionnels de la gérontologie.

 

Comment Bernadette Puijalon est-elle passée de l'anthropologie au roman ?

 

Elle a tiré ses matériaux des récits recueillis auprès de ses parents et d'amis âgés, dans les maisons de retraite, ainsi qu'au cours de veillées dans sa campagne natale - car Bernadette est issue d'une lignée de paysans auvergnats. Chaque histoire de vie ainsi écoutée est venue alimenter ses polars. Oui, vous avez bien lu ! Bernadette Puijalon écrit aussi des romans policiers. Son principal héros est un vieillard de la fin du XIXème siècle, plein de bon sens, qui résout avec son ami - un jeune paysan venu du Limousin -, des meurtres perpétrés en Auvergne. Elle en profite pour dénoncer l'idée que les vieux étaient mieux traités avant : "C'est faux ! Il y avait cohabitation, mais pas spontanément harmonieuse. Les relations privées et publiques entre les générations ont toujours été conflictuelles."

 

Pour Bernadette Puijalon, "Vieillir, c'est devenir moins étranger à soi-même." Elle affirme d'ailleurs : "En racontant la façon dont ils ont traversé l'existence, les gens donnent eux-mêmes du sens à leur vie et avancent en intériorité. [...]"

 

Bernadette Puijalon n'aime pas l'expression bien vieillir. Pour elle, "Bien vieillir, c'est ne pas vieillir ! Et ceux qui ne vieillissent pas bien, qu'est-ce qu'on en fait ?"

 

Quand elle rencontre Edgar Morin (2), ce dernier a alors soixante-dix ans. Il lui a dit une très belle chose : que "chacun porte en soi l'ensemble de tous les âges : le meilleur du petit garçon qu'on a été, du jeune homme, du père de famille, puis du vieillard qu'on est devenu." Cette définition a marqué Bernadette Puijalon au point de la faire adhérer à cette pensée : "J'aime cette idée d'un dialogue entre nos personnages intérieurs, l'enfant, l'adulte, et le vieux que nous serons un jour."

 

Pour moi, je pense que la peur de vieillir - qu'elle soit consciente ou non -, est ancrée en chacun de nous. Sachons l'apprivoiser... pour pouvoir profiter pleinement du moment présent, quel que soit notre âge !

 

Article de Lucile Gauchers d'après les propos recueillis par Dominique Fonlupt pour l'hebdomadaire chrétien d'actualité La Vie [n° 3448 du 29/09 au 05/10/2011]

 

(1) Thanatologie : science de la mort par l'étude des signes, des conditions, des causes et de la nature de la mort. De Thanatos (myth. gr.) Dieu de la Mort, fils de la nuit (Nyx) et frère d'Hypnos.

(2) De son vrai nom Edgar Nahoum né à Paris le 8 juillet 1921, sociologue et philosophe français.

 

Bibliographie de Bernadette Puijalon :

Un essai Le droit de vieillir écrit avec Jacqueline Trincaz, anthropologue et sociologue.

[éditions Fayard - Février 2000]

Un autre essai à venir La vie et je suis vieux.

Ses romans policiers :

L'Oeil du vivier [éd. Tisserand Gérard - Décembre 2001]

Le Moulin des retrouvailles [éd. Tisserand Gérard - Octobre 2002] Prix du roman d'Auvergne

Un parfum de gentiane [éd. Tisserand Gérard - Octobre 2004]

L'heure de l'alouette [éd. De Borée - Mai 2006]

Des monts de tempête [éd. De Borée - Octobre 2008]

Le loup d'Orcival [éd. De Borée - Mai 2011]

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 15:22

Bellevue-La Montagne, le 7 août 2011

 

Dans ce magnifique cadre de la Haute-Loire, je suis allée faire un petit tour au salon du livre reçu dans la salle polyvalente, qui accueillait aussi des peintures, des photographies, des sculptures et un atelier de généalogie. D'autres expositions étaient aussi proposées aux visiteurs : dentelle, tapis à histoires, diaporama de cartes postales.


Des activités diverses avaient été organisées ; à l'école, des ateliers-découvertes : papier à la colle, origami, enluminure et mosaïque, ainsi que deux spectacles au presbytère : "La fileuse de mots" ( le petit théâtre de Danièle Nicolas) et "Mon copain Gargantua" (Conte gigantesque).

 

Cette manifestation culturelle initiée par l'association "Lecture au château" a bénéficié de nombreux partenariats : la commune de Bellevue, l'office de tourisme des Portes d'Auvergne, le conseil général de la Haute-Loire, la bibliothèque départementale de la Haute-Loire, la librairie Nuggets, des éditeurs (éditions Jeanne d'Arc, éditions du Roure), des journaux et magazines : L'éveil de la Haute-Loire, La Montagne, La Tribune, Renouveau, Sortir, Strada La vie d'ici, jusqu'à Radio Craponne et l'association "Lire et Faire Lire".

 

La majorité des écrivains venaient du département de la Haute-Loire, mais quelques uns des Alpes Maritimes, de la Loire, du Puy-de-Dôme, du Rhône, de la Savoie, de la Seine et Marne et même de Paris. Elise Fischer, quant à elle, venait de Lorraine et était l'invitée d'honneur.

 

J'ai pu revoir Marie Garnier, auteure de Le Nid des papillons  et de Je suis vendeur mais je me soigne (Editions Baudelaire - Lyon). Je tiens à souligner la présence de Pascal Budinek qui illustre par de très beaux dessins, les histoires pour enfants écrites par son épouse : Les mésaventures de Sautenette (sur le thème de la solidarité) et De délicats petits cochons (sur le thème de la différence).

 

Cette fois, j'étais du côté des visiteurs et non des exposants ! Encore des livres acquis - le dernier de Marie Garnier, et ceux de M. et Mme Budinek pour mes petits-enfants.

 


 


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