La promenade que j'avais entrepris de faire ce matin (15 juin 2020 de 10 h 30 à midi environ) a été plus longue et plus périlleuse que je ne pensais, tout simplement parce que je me suis trompée de chemin. Je n'ai même pas réalisé que le sentier n'était pas balisé !
J'ai donc pris la route pour quitter le village, je suis passée à côté d'un terrain qui m'appartient à droite, j'ai emprunté la route hivernale à gauche et suis ressortie plus loin sur la route descendant à Bas en Basset (43). J'ai poursuivi et j'ai cru reconnaître un chemin par lequel j'avais débouché il y a environ deux ans en partant du village vers le cimetière. Le chemin me paraissait bien, il y avait même des traces de pneus (j'ai compris bien après pourquoi).
Je me suis enfoncée dans les bois, le chemin étant encore assez praticable, il descendait un peu, et je suis parvenue au coeur du massif. À ce moment-là, j'aurais dû rebrousser chemin, ne reconnaissant pas vraiment l'endroit. Je ne l'ai pas fait ! Allez savoir pourquoi !
Et puis, armée de courage ou de bêtise - les deux peut-être -, j'ai continué ma descente de plus en plus périlleuse, je n'avais pas pris mes bâtons de marche inutiles pour la promenade envisagée, mais j'ai ramassé une belle branche au sol, facile à tenir, solide qui a avantageusement remplacé le matériel de randonnée. Fort heureusement pour moi car elle m'a été d'une grande utilité.
Un grondement plus bas m'a laissé penser qu'il y avait un ruisseau qui ne me paraissait pas trop loin. J'ai poursuivi la descente, encore confiante. Erreur, c'était un torrent en fait, d'où le grondement qui me semblait proche...
Le chemin devenait de plus en plus impraticable à cause des ornières et des pierres. J'apercevais encore des traces de pneus, motocross ou quad ? J'ai entrepris de ne pas me déplacer du côté du ravin et de rester le plus possible côté paroi. Les rares fois où je me suis trouvée du côté du ravin, je tenais le bâton d'une main et m'agrippais au tronc des arbres afin de garder mon équilibre.
La fille de Bernadette Lafont m'a accompagnée en pensée pendant mon périple et je posais mes pieds très précautionneusement, m'assurant de la stabilité de leur position, ne voulant pas finir comme elle. J'avoue avoir eu peur, mais je me suis dit qu'il était trop tard pour reculer et qu'il fallait que je poursuive vaille que vaille.
J'ai eu raison, tout en bas, j'ai aperçu le torrent qui dévalait une pente pas très inclinée. Sortie du chemin étroit et très escarpé plongé dans l'ombre des arbres, j'avais le choix entre tourner à gauche ou à droite sur un beau sentier d'un mètre vingt de large qui longeait ledit ruisseau. J'ai tourné à gauche. Bien m'en a pris, c'était la bonne direction, toutefois sans savoir encore où j'allais déboucher.
Confiante, j'ai marché le coeur joyeux quand, tout à coup, je me suis trouvée face au torrent dont les eaux bouillonnantes se fracassaient sur des pierres. Il traversait le beau sentier et de l'autre côté une montée caillouteuse le remplaçait. Quoi faire ? J'avais fait le plus gros. J'ai repéré une grosse pierre qui émergeait de l'eau et d'autres dans la transparence du torrent.
Tenant le bâton d'une main piqué dans l'eau et prenant appui de l'autre main sur la pierre, j'ai réussi à traverser en posant mes pieds sur les pierres, me mouillant jusqu'aux mollets sur lesquels j'ai ressenti la force de l'eau ! Pas grave, j'étais parvenue de l'autre côté...
J'ai grimpé sur l'autre versant, me dirigeant vers le sommet pour trouver le ciel et le soleil. Ce trajet m'a paru très long, non seulement parce qu'il montait et que j'avançais lentement, mais surtout parce que la fatigue s'était bien installée ! Le regard rivé sur la cime des arbres en direction du ciel et de la lumière du soleil, je me donnais du courage en me disant : "Allez encore un effort, tu y es presque. Une fois là-haut tu verras bien !"
Le chemin a subitement débouché sur du goudron : j'étais parvenue au petit camping de Chomont, un hameau de mon village, encore éloigné de plusieurs kilomètres. Je me suis emparé de mon téléphone portable et j'ai appelé ma fille que je savais chez elle. Soulagée de m'être sortie de cet imposant massif boisé, je ne me suis pas senti le courage de marcher encore une bonne heure sans avoir bu ni mangé. Il était déjà 13 heures 40. Aussitôt arrivée, je me suis désaltérée, j'ai pris une bonne douche, puis un petit encas (pas vraiment faim car trop lasse) et j'ai entrepris de vous raconter mon dernier exploit, car, c'est décidé, je n'effectuerai plus ce type de promenade. J'ai conscience d'avoir eu de la chance, je ne la mettrai plus au défi, j'ai passé l'âge ! Lucile Gauchers.
Valprivas le, 15 juin 2020, 15 h 30.
Nota bene : la photo de la couverture est une vue du massif alpin (Mont Blanc) et non du Massif central, Auvergne et Haute-Loire en particulier)